Monuments historiques

Monuments historiques : les entreprises de rénovation à la peine

Par Hubert Vialatte | 13/09/13

En France plus de 700 entreprises sont qualifiées pour restaurer les monuments historiques et le patrimoine. Baisse des crédits d’Etat et désengagement des communes sont au cœur de leurs préoccupations.

Restauration d\'un amphithéâtre à Arles, dans les Bouches-du-Rhône. - Photononstop/AFP

Restauration d’un amphithéâtre à Arles, dans les Bouches-du-Rhône. – Photononstop/AFP

 Maçons traditionnels, couvreurs, charpentiers, tailleurs de pierre, menuisiers, experts des dorures, vitraux, fresques, mosaïques… les Journées du patrimoine qui se tiennent ce week-end mettent en lumière les monuments, mais aussi les compagnons qui les restaurent. Des métiers « d’excellence et non délocalisables », rappelle Didier Durand, président du Groupement français des entreprises de restauration de monuments historiques, syndicat qui pèse 200 entreprises et 10.000 salariés. Aujourd’hui, la filière, qui emploie 27.500 salariés au sein de 700 entreprises hautement qualifiées pour la restauration du patrimoine et des monuments historiques, serre les dents. Par exemple, Adheneo, spécialisé dans la couverture de monuments historiques, qui compte 100 salariés à Trélazé, dans le Maine-et-Loire est en redressement judiciaire depuis le 31 juillet. Et, d’après le GMH, une quarantaine de carrières d’extraction de pierre, matériau noble prisé pour les opérations de rénovation, ont déposé le bilan ou fermé lors des douze derniers mois en France. « Ce qui va poser un problème, car les chantiers doivent être alimentés en matériaux locaux, explique Didier Durand. On ne peut pas greffer de la pierre du Gard sur la cathédrale d’Amiens ! »

L’origine des difficultés vient moins d’une baisse des crédits d’Etat que de la complexité des financements croisés, et d’un effet de la réforme de l’Etat de 2008. « Le ministère a abandonné la maîtrise d’ouvrage, pour la déléguer aux mairies souvent démunies devant la complexité du Code des marchés publics », regrette Didier Durand.

Le mécénat, une nouvelle voie de financement  ?

Conséquence  : certains compagnons, malgré leur amour du métier et des vieilles pierres, quittent le navire. Comme Quentin Mercier, vingt-neuf ans, et Philippe Battais, cinquante-cinq ans, qui ont fondé en avril Parisis Rénovation (Guyancourt, Yvelines), après s’être connus dans une grande entreprise spécialisée dans la restauration de monuments historiques. Changement de cap radical : les deux artisans, respectivement charpentier et couvreur, ciblent désormais le marché des particuliers, du neuf et de la rénovation dans l’ancien classique. Le secteur a toujours de solides raisons d’espérer. Tout d’abord, une sorte d’union nationale vibre autour de cette filière, qui incarne l’histoire du pays. « Quel que soit le climat budgétaire, il faut sauvegarder le patrimoine, qui contribue à l’attractivité touristique », souligne Dominique Métayer, président de l’Union nationale artisanale maçonnerie-carrelage. « Si les cathédrales sont encore debout, c’est parce qu’elles ont été entretenues », renchérit Philippe Battais.Mais tous les chefs d’entreprise du secteur ont une question en tête : le mécénat d’entreprise peut-il constituer sur le long terme une nouvelle voie du financement des projets ? «  Sur les huit premiers mois de l’année en 2013, où l’on prévoit un total récolté de 12 millions d’euros, les dons collectés augmentent de 24 % par rapport à la même période l’an dernier, se réjouit Benjamin Mermet, directeur de la Fondation du patrimoine.

La fondation intervient sur le patrimoine rural non protégé : lavoirs, fermes, pigeonniers, granges, églises. Sur les douze dernières années, 18.000 projets ont été soutenus, représentant 1,36 milliard d’euros de travaux. En 2012, la Fondation du patrimoine a aidé 2.260 projets.

Hubert Vialatte
Correspondant à Montpellier

Source : Les Echos